La découverte ou l’ignorance…

Voilà quelques années maintenant que je remettais au lendemain cet article. Suite à une discussion avec @lecairn, @caroleblancot, @StephLacassagne et @leozarbre, j’ai eu enfin envie de le finaliser…

Merci à vous, chers twittos !

Ce texte, principalement connu du grand public par l’interprétation qu’en fait le groupe Tri Yann depuis 1976, est en fait extrait de l’essai Comment peut-on être breton, essai sur la démocratie française1 publié par le journaliste Morvan Lebesque en 1970. Les deux versions divergent un peu, je vous propose ici de les confronter.

Texte de Tri YannTexte de Morvan Lebesque
Le breton est-il ma langue maternelle ? Non, je suis né à Nantes où on ne le parle pas… Suis-je même breton? Vraiment je le crois, mais de pure race ? qu’en sais-je et qu’importe… Séparatiste ? Autonomiste !? Régionaliste ?.. Oui et non, … différent. Mais alors vous ne comprenez plus ! Qu’appelons-nous être breton ? et d’abord, pourquoi l’être ?! Français d’état civil, je suis nommé français, j’assume à chaque instant ma situation de français ! Mon appartenance à la Bretagne n’est en revanche qu’une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître… Je l’ai d’ailleurs fait, j’ai longtemps ignoré que j’étais breton… Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus, ou, pour mieux dire, en conscience… Si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d’être en moi. Si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d’être… La Bretagne n’a pas de papiers; elle n’existe que si à chaque génération des hommes se reconnaissent bretons ! A cette heure, des enfants naissent en Bretagne… Seront-ils bretons ? Nul ne le sait. A chacun, l’âge venu, la Découverte; ou l’ignorance…Le breton est-elle ma langue maternelle ? Non : je suis né à Nantes où on ne le parle pas. Est-ce que je le parle ? Rarement, et pas assez bien pour l’écrire. Suis-je même breton ? Vraiment, je le crois et m’en expliquerai. Mais de « pure race », qu’en sais-je et qu’importe ? – Vous n’êtes donc pas raciste ? – Ne m’insultez pas. – Séparatiste ? Autonomiste ? Régionaliste ? – Tout cela, rien de cela. Au-delà. – Mais alors, nous ne nous comprenons plus. Qu’appelez-vous breton ? Et d’abord, pourquoi l’être ? Question nullement absurde. Français d’état-civil, je suis nommé français, j’assume à chaque instant ma situation de Français ; mon appartenance à la Bretagne n’est en revanche qu’une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l’ai d’ailleurs fait. J’ai longtemps ignoré que j’étais breton. Je l’ai par moment oublié. Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus ou, pour mieux dire, en conscience : si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d’être en moi ; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d’être. La Bretagne n’a pas de papier. Elle n’existe que dans la mesure où, à chaque génération, des hommes se reconnaissent bretons. A cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils bretons ? Nul ne le sait. A chacun, l’âge venu, la découverte ou l’ignorance.

Je n’ai guère la prétention de vous faire une explication de texte, j’ai toujours été très mauvais en français. Sachez seulement que ce texte trouve un écho en moi. Il a une saveur toute particulière.

Je vous engage toutefois à mener une réflexion sur les termes « Séparatiste« , « Autonomiste« , « Régionaliste« . Ouvrez aussi le cadre de votre réflexion à d’autres pays2 historiques ou politiques que la Bretagne. Un exemple concret ? l’Europe est sûrement le plus proche, le plus actuel…

1 : LEBESQUE, M. : Comment peut-on être Breton ? Essai sur la Démocratie française. Paris, Edition du Seuil, Collection L’Histoire Immédiate, 1970.

2 : Je ferais très certainement un article sur la définition des pays au sens breton du terme. Parce qu’à ce terme est associé l’histoire du Gwenn A Du, le drapeau breton !

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